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Cette transition qui n’en finit pas : Compromis ? Improbable …Par Pierre-Raymond DUMAS

Cette transition qui n’en finit pas

Par Pierre-Raymond DUMAS

Compromis ? Improbable …

A bien y regarder, les peuples bâtissent leur destin collectivement, transcendent leurs différences et leurs différends à grand renfort de compromis ou l’anéantissent dans la violence et les conflits perpétuels. Car voici le fin fond du problème : notre culture multiséculaire de l’affrontement suicidaire a toujours triomphé. Or l’opposition comme le pouvoir ne peut conquérir une dimension nationale consensuelle qu’en sortant des limites de son camp. A part la rencontre Dessalines-Geffrard au Camp Gérard le 5 juillet 1803 pour consolider le processus d’indépendance, seul René Préval – cet homme de consensus (mou) symbolisait une nouvelle façon de faire de la politique dans un pays longtemps polarisé – par la suite a su stabiliser son pouvoir par quelques arrangements avec l’Espace de concertation pour la sauvegarde de la démocratie en janvier 1999 et avec certains membres de l’opposition pour aboutir en juin 2006 à la formation d’un ‘‘gouvernement pluriel’’. Certes, il y a eu avant et après des cas de rapprochements forcés ou plus que fragiles. On peut citer l’un des tout derniers, le ‘‘dialogue d’El Rancho’ sous la présidence de Michel Joseph Martelly en février 2014.

Ces temps-ci, c’est la stratégie du précipice, une fois de plus, qui semble l’emporter. Oui, c’est coutumier que Haïti, pays déchiré, appauvri, effondré, chéri par tous ses fils voraces et intransigeants, appareille vers une autre catastrophe, comme en février 2004. Ensuite ? Pas de gloire pour les ‘‘rats pas kaka’’, mais pas, non plus, de victoire écrasante pour les ‘‘GNBistes’’ ! Par haine étoffée, certes, mais surtout par intolérance viscérale transformée en logiciel inter-haïtien. Comment transformer ce pays misérable, ce ‘‘tas de ruines … et d’immondices’’, si ses propres fils sont incapables de négocier, de discuter et de trouver ensuite les compromis salvateurs ? Comment vivre ensemble, avec nos différences et nos idées propres, sans s’entendre, après plusieurs pourparlers constructifs, sur l’observance d’une série de pactes, d’accords, de politiques collectivement acceptés pour le bien de tous ? Questions d’une importance capitale, personne n’en disconviendra. Comment ? Au moins pourra-t-on mesurer les forces en présence, leurs véritables intentions et leur bonne foi. En aura-t-on la démonstration bientôt ? Ce n’est pas certain. Il reste, bien sûr, dans cette crise ‘‘plurielle’’ quelques constantes tragiques : l’immobilisme et l’isolement d’un pouvoir prisonnier de ses contradictions étouffantes et toxiques, la politique de la terre brûlée avec ses résultats désastreux, l’épuisement d’une économie droguée au défaitisme que l’explosion démographique et l’insécurité rendront de plus en plus rachitique.

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